Le buzz international autour de Chat GPT et des progrès de l’intelligence artificielle touche tous les secteurs. L’industrie musicale n’y échappe pas. Les productions basées sur l’IA se multiplient.
Un faux duo entre The Weeknd et Drake, une reprise de Jolene, de Dolly Parton, par une créature numérique du nom de Holly+, des laboratoires spécialisés dans la production à l’aide d’intelligences artificielles (IA)… Il n’y a aucun doute: une nouvelle révolution technologique touche le monde de la musique. Or, l’une des grandes questions est de savoir comment les maisons de disques et les artistes de chair et d’os abordent ce virage.
Universal monte au front
Chez Universal Music Group, par exemple, l’heure est à la plus grande méfiance. Le mastodonte de Santa Monica, qui représente notamment Sting, The Weeknd, Billie Eilish, et Ariana Grande, tape du poing sur la table. En effet, selon le Financiel Times, UMG a récemment écrit aux géants du streaming pour leur demander d’empêcher les outils d’IA de s’entrainer sur les morceaux soumis à des droits d’auteur. D’un point de vue purement juridique, l’entreprise estime que ces pratiques « violent les droits des artistes et des autres créateurs« . Elle juge donc qu’il est de sa « responsabilité morale et commerciale » de s’y opposer. Cet argument pourrait toutefois échouer à contrer l’ouragan en formation.

L’IA en force chez Apple Music
Dans le viseur du groupe en particulier: Apple Music. En février dernier, la firme de Cupertino a frappé fort en rachetant AI Music. Or, cette entreprise britannique, lancée en 2016, travaille sur la production de titres musicaux inspirés de musiques libres de droit. Au coeur du processus: une IA capable de s’adapter, en temps réel, aux activités des utilisateurs. Un peu comme une bande-son composée et jouée en direct pour habiller notre vie quotidienne.
Entre attraction et répulsion, les programmes informatiques capables de créer du contenu original deviennent donc un enjeu central pour l’avenir de l’industrie musicale. D’autant que ces outils, basés sur le « deep learning« , ont besoin d’accéder à des bibliothèques existantes pour apprendre et, ensuite, produire par elles même.
Aisis is not Oasis
Ainsi, en Grande-Bretagne, le groupe Breezer a puisé dans son propre répertoire et dans les enregistrements du groupe Oasis pour produire un album imaginaire des frères Gallagher. Baptisé AISIS, cet opus de 7 chansons repose sur une voix 100% artificielle ressemblant fortement à celle de Liam, le chanteur principal du groupe de rock dissout depuis 2009.
Malgré les critiques éventuelles, les producteurs se défendent de toute mauvaise intention. Ces grands fans d’Oasis assurent qu’ils étaient simplement fatigués d’attendre une éventuelle réconciliation entre les deux frères ennemis de Manchester.
Ce type de projet n’est pas une première. En 2016 déjà, le Sony Computer Science Laboratory avait utilisé cette technologie pour produire Daddy’s Car, un titre inspiré des Beatles. Sur ce morceau, seules les paroles proviennent d’un cerveau humain. À savoir, celui de l’auteur français Benoît Carré. Un algorithme et un ordinateur du nom de Flow Machines ont fait – quasiment – tout le reste. Il leur aura fallu, au passage, analyser et compiler des milliers de données issues du catalogue des Beatles.
Si on comprend bien, en plus de ramener la paix dans la famille Gallagher, l’IA aurait aussi le super pouvoir de ressusciter les morts. Hasta la vista.
