JO 2024: la tour des juges de Teahupo'o abîme les coraux L'info en plus - Nathalie Michet
A Tahiti, la construction de la tour des juges de Teahupo’o a franchi un première étape en vue des Jeux Olympiques de Paris. C’est l’Info en plus de Nathalie Michet.
C’est l’un des volets les plus controversés des prochains JO : la construction d’une tour en aluminium dans les eaux cristallines de Teahupo’o. Le Comité d’organisation de Paris 2024 a choisi ce spot polynésien, connu pour sa vague mythique, afin d’abriter les épreuves de surf des jeux olympiques d’été. Le projet pourrait susciter un grand enthousiasme s’il n’y avait pas un hic environnemental. En effet, les fonds marins de la presqu’île de Teahupo’o abritent des récifs coralliens très précieux pour la biodiversité marine. Or, ces habitats naturels fragiles se retrouvent directement menacés par le chantier de la tour des juges.
Malheureusement, des coraux ont déjà été abîmés. Alors que la pause des fondations en béton vient de se terminer, Moana David, porteur local du projet, reconnait quelques dégâts auprès de nos confrères de l’AFP. “On essaye de faire au mieux, assure-t-il, mais on ne va pas le nier: il y a eu des petites casses ” . Il affirme toutefois que les coraux devraient apprivoiser l’édifice et revenir s’y installer naturellement.
Pendant plusieurs mois, les associations locales ont tout fait pour empêcher ces travaux. Une pétition avait même recueilli plus de 250 000 signatures. La bataille a fait rage jusqu’à ce qu’un semblant de compromis soit trouvé. D’abord, les dirigeants de Paris 2024 ont renoncé à raccorder la tour aux réseaux d’eau potable et de traitement des eaux usées. Ensuite, ils ont convenu de construire une tour moins imposante que prévu. 9 tonnes d’aluminium au lieu de 14 pour une surface limitée à 50 mètres carré. Ce gabarit correspond à celui de la tour en bois auparavant utilisée pour les compétitions de surf à Teahupo’o. Toutefois, le comité d’organisation des JO n’a jamais envisagé d’utiliser cette première tour car selon lui elle ne correspond pas aux normes en termes de sécurité.
Si les opposants au projet ne font plus de bruit à Tahiti, ils demeurent en désaccord. « On a lâché l’affaire » , explique à l’AFP Cindy Otsenasek la présidente de l’association locale Vai Ara O Teahupo’o. Déçue par la tournure des événements, elle estime avoir fait son possible « dans les limites de la légalité » .
Les fondations étant posées et consolidées, la structure en aluminium va donc commencer à prendre forme à partir du 11 mars. Une fois érigée sur la terre ferme elle sera installée sur l’eau pour une livraison prévue le 13 mai. La tour des juges de Teahupo’o devrait ensuite connaître son baptême du feu à l’occasion du Tahiti Pro, une des étapes de la World Surf League. Ce rendez-vous avec les meilleurs surfeurs du monde aura lieu à la fin du mois de mai.