L’agriculture en première ligne dans le défi de l’eau

7 avril 2023

Emmanuel Macron a récemment présenté « son plan eau 2030 » destiné à s’adapter à la sécheresse. Dans ce vaste chantier, le secteur agricole occupe le devant de la scène. La biochimiste Fabienne Trolard, directrice de recherches à l’INRAE et membre de l’Académie d’agriculture de France, répond à Nathalie Michet.

Alors qu’on redoute pour cet été un nouvel épisode de sécheresse aiguë dans de nombreux territoires, en particulier dans le sud-est, la France tente de s’adapter. Le jeudi 30 mars, Emmanuel Macron a ainsi présenté son « plan eau 2030 ». Objectif: améliorer la gestion des ressources en eau sur le long terme.

Transformer l’agriculture

Comme l’agriculture représente 58% de l’eau consommée au niveau national, elle arrive en tête des secteurs prioritaires. Le président français appelle ainsi à « une transformation du modèle agricole« . Parmi les objectifs: baisser de 10% la consommation d’eau et passer de 1 % à 10% d’eaux usées traitées et réutilisées. En effet, dans ce domaine, la France a beaucoup de retard à rattraper comparé à d’autres pays européens.

Image d’illustration. ©No One Cares / Unsplash

Des investissements massifs

Selon Fabienne Trolard, biochimiste des sols et de l’eau, il faudra pour cela réaliser des investissements massifs en matière d’infrastructures. Non seulement pour miser davantage sur la réutilisation des eaux usées, mais aussi pour augmenter « le parcours de l’eau » dans les sols à travers la généralisation de l’irrigation.

D’après cette directrice de recherche à l’INRAE et membre de l’Académie d’agriculture de France, transformer le modèle agricole implique également de privilégier les espèces végétales capables de s’adapter à des terres plus arides. Il faudra aussi sélectionner ces cultures en fonction de leurs apports nutritifs pour les humains.

Enfin, si elle juge pertinentes les retenues d’eau en cas d’excès de pluie, Fabienne Trolard se prononce contre les méga-bassines sur le modèle de celle de Sainte-Soline. » Elle explique: « aller pomper de l’eau dans les nappes phréatiques pour la stocker en surface c’est une très mauvaise idée pour la conservation de la qualité de l’eau« .