Un resort des Chocolate Hills fait scandale aux Philippines L'Info en plus - Nathalie Michet
Aux Philippines, un hôtel de luxe a dû fermer à cause de son impact sur l’environnement. Le Captain’s Peak Garden and Resort avait réussi à s’installer dans une zone protégée: les Chocolate Hills, sur l’île de Bohol.
La fermeture est provisoire mais elle en dit long sur le débat rugueux, aux Philippines comme partout dans le monde, entre la stratégie de développement du tourisme et l’indispensable protection de la nature. Selon la version online de CNN, tout est parti d’une vidéo postée au début du mois par un baroudeur/influenceur : on y voit une grande piscine avec des toboggans dans un site pourtant classé comme une zone protégée depuis 1997 . Il s’agit des “Chocolate Hills”, une zone géologique exceptionnelle de 50 km2 sur l’île de Bohol, dans le sud de l’archipel. Cet endroit reculé comprend plus d’un millier de collines coniques qui passent du vert au brun pendant la saison sèche.
Un hôtel de luxe a donc réussi à s’implanter entre ces collines malgré le statut de zone protégée. Conspué par des milliers d’Internautes dès que les vidéos ont commencé à circuler, le Captain’s Peak Garden and Resort a attiré l’attention des députés philippins. Dénonçant un abus flagrant des ressources naturelles, ils ont interpellé le gouvernement en demandant qui avait autorisé une telle construction dans un site censé être protégé.
La réponse est venue de la direction de l’hôtelsur sa page Facebook. En effet, elle assure avoir respecté toutes les règles et a même publié (puis supprimé) le permis de construire délivré par la commune de Sagbayan. Entre-temps, le Ministère de l’environnement a ordonné la fermeture temporaire de l’établissement.
Cette mesure d’urgence ne suffira pas à éteindre l’incendie ni à régler le dilemme de fond entre intérêts économiques locaux et protection de la nature. Les Philippines ont toutefois démontré, par le passé, qu’elles étaient capables de prendre des décisions radicales. En 2018, le gouvernement avait tout simplement fermé l’île très prisée de Boracay pendant six mois. Les autorités avaient profité de cette période pour nettoyer la zone, mettre en place des aménagements et, surtout, imposer des quotas pour encadrer la fréquentation touristique.