Une victoire contre l'exploitation minière des fonds marins Radio Monaco
Un vote récent du parlement européen contre une décision de la Norvège renforce le camp en faveur d’un moratoire sur le deep sea mining, l’exploitation minière des fonds marins. Pour les activistes de l’océan, c’est une victoire très importante. Nous en parlons dans ce Club Radio Monaco avec Anne-Sophie Roux, engagée au sein de l’ONG Sustainable Ocean Alliance et membre du programme Re.Generation de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Elle répond à Nathalie Michet.
Le 7 février dernier, le parlement européen a adopté une résolution condamnant le projet de la Norvège d’ouvrir la voie à l’exploitation minière des fonds marins en Arctique. 523 députés ont voté ce texte tandis que seulement 34 autres ont voté contre. Après plusieurs semaines d’intenses tractations à Bruxelles et Strasbourg, les élus de tous bords ont donc fini par entendre la voix des scientifiques et des ONG. Avant le vote, les militants européens avaient tout fait pour tirer la sonnette d’alarme sur les réseaux sous le hashtag #DeepSeaMining.
Le parlement européen demande ainsi à un maximum de pays de rejoindre le moratoire international sur l’exploitation minière des fonds marins. Aujourd’hui, 24 Etats ont apposé leur signature à cet appel, dont Monaco et la France. La liste comprend aussi l’Allemagne, le Canada, le Chili ou encore a Nouvelle-Zélande. À l’inverse, la Norvège et le petit Etat insulaire de Nauru veulent à tout prix aller creuser dans le plancher océanique à la recherche de métaux à vendre.
Or, de telles activités pourraient avoir des conséquences irréversibles sur les écosystèmes marins et sur l’équilibre climatique de la planète. « Les abysses sont notre coffre fort à carbone (…) L’action des machines pour remuer les sédiments risquerait de perturber cette fonction de puits de carbone » , nous explique Anne Sophie Roux, chargée de campagne contre l’exploitation des fonds marins en Europe pour l’ONG Sustainable Ocean Alliance.
Membre du programme Re.Generation Future Leaders de la Fondation Prince Albert II de Monaco, cette activiste fait partie des militants qui bataillent sans relâche pour convaincre les décideurs de ne pas franchir le rubicon. Consciente que la bataille n’est pas encore gagnée, Anne-Sophie Roux considère tout de même le vote du parlement européen comme une très grande victoire.
« Les élus de l’extrême gauche jusqu’à la droite conservatrice ont validé le texte, et ça c’est très rare » , relève notre invitée. Selon elle, l’argument des pertes potentielles pour les pêcheries européennes a pesé lourd dans la balance. « On a passé des semaines à avoir des rendez-vous avec des députés, passer des coups de téléphone, envoyer des mails. On voulait être sûrs q’ils aient tous les faits en tête sur les impacts en terme de biodiversité, de climat et de pêche » , raconte l’activiste française.
Quant à savoir si ce vote peut réellement avoir un effet contre le projet norvégien, il semble que oui. « La décision d’Oslo va à l’encontre de nombreuses obligations de la Norvège sur le droit international. C’est un signal diplomatique extrêmement fort parce que l’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Norvège. Comme l’UE est en train de fermer ses marchés aux métaux provenant des fonds marins, il y a aussi cet enjeu. À qui comptent-ils vendre ces fameux métaux ? » , résume Anne-Sophie Roux.