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Le premier sommet européen consacré à la culture des algues s’est tenu début octobre à la Maison des océans, à Paris, en partenariat avec l’Institut océanographique de Monaco. Nathalie Michet en parle avec son invité, Vincent Doumeizel, Conseiller Océan au Pacte mondial des Nations Unies et auteur du livre La révolution des algues (Éditions des Équateurs).
Culture des algues: « il faut sortir de l’âge de pierre » Le Club Radio Monaco
Alors que l’Asie produit 36 millions de tonnes d’algues par an, l’UE commence à peine à s’organiser pour développer cette filière. En guise de balbutiement, la Maison de l’Océan, à Paris, a ainsi accueilli un premier sommet européen consacré à la culture des algues. C’était du 5 au 7 octobre 2023, en partenariat avec l’Institut océanographique de Monaco.
Il était temps car, en matière d’algoculture, les enjeux sont énormes. « Avec les algues, on peut nourrir les humains et les animaux, remplacer les fertilisants, les plastiques et le coton. On peut aussi fournir des solutions médicales innovantes, dépolluer les océans, absorber le carbone et créer des ressources et des emplois pour les populations côtières victimes de la surpêche. » Voilà le crédo de Vincent Demeizel, Conseiller Océan au Pacte mondial des Nations Unies et auteur du livre La révolution des algues (Editions des Équateurs).
Si les occidentaux se réveillent seulement maintenant, c’est selon lui en raison du poids de l’histoire et de la civilisation gréco-romaine. « Après la mise en place de l’agriculture par les Mésopotamiens autour de la Méditerranée, la sédentarisation autour d’une eau peu brassée a pu favoriser des phénomènes de marées d’algues » , explique-t-il. D’où une mauvaise image gravée dans le marbre mémoriel gréco-romaine. D’où aussi, cet état « préhistorique » où stagnent les Européens. À l’inverse, dans le Nord-Est de l’Asie, hermétique à la colonisation européenne, la tradition de la culture des algues n’a pas disparu. Encore mieux, précise Vincent Doumeizel, elle a prospéré.
Nous voici donc contraints, sous nos latitudes, de rattraper des millénaires d’algues bashing pour relever les défis alimentaires, environnementaux et sanitaires de l’humanité. Mais à quoi pourrait ressembler des champs d’algues sur les rivages de la Côte d’Azur ? D’abord, il faudrait mener des études scientifiques poussées pour choisir intelligemment parmi les 12 000 espèces d’algues connues. « La première règle, dit le conseiller de l’ONU, c’est de choisir une algue endémique. » Ensuite, il faudrait installer les champs d’algues en « colocation » avec d’autres cultures afin de favoriser un cercle vertueux et de booster la biodiversité.
Et visuellement, ça donnerait quoi ? Près des côtes ou plus au large, on cultive généralement les algues le long de câbles plus ou moins profonds tendus entre deux structures. « Pourquoi pas entre des éoliennes ? » , suggèreVincent Doumeizel. Une chose est sûre selon lui: il ne faut ni engrais ni pesticides, ni rien de plus que les semences d’algues et le milieu marin. Une sorte de miracle oublié, venu du fonds des âges.
Cependant, il faut aussi changer les mentalités et les recettes de cuisine. « Il y a un énorme travail à faire pour apprendre à cuisiner et manger les algues » , reconnait le spécialiste. Il cite en guise d’exemple la démarche de Mauro Colagreco. En effet, le chef du Mirazur sert une vingtaine d’espèces d’algues dans son établissement triplement étoilé de Menton.
Dans le domaine de l’industrie textile, c’est la haute-couture qui ouvre la voie. Par exemple, lors de la Fashion week de Paris, Stella McCartney a présenté des robes contenant des fils à base d’algue. On peut également citer l’industrie de l’emballage, en quête d’alternative au plastique. La start-up FlexSea, fondée par deux jeunes entrepreneurs de Monaco, vient ainsi de lever 3,5 millions d’euros. Basée au Royaume-Uni et au Portugal, l’entreprise développe un bioplastique 100% biodégradable.
Écrit par: Nathalie Michet
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