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Pour le 8 mars, cette activiste monégasque veut briser les tabous

today8 mars 2024

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L’activiste des droits des femmes Juliette Rapaire lors du sit-in organisé le 8 mars 2023 à Monaco. ©DR

À l’occasion du 8 mars, la militante Juliette Rapaire appelle les femmes monégasques à briser le silence sur plusieurs tabous liés au catholicisme à Monaco. IVG, mariage homosexuel, adoption, PMA, congélation des ovocytes ; « j’aime mon pays et je suis sûre que Monaco peut avancer sur ces sujets » , nous confie notre invitée. Ancienne candidate au Conseil National, sur la liste de Daniel Boeri, Juliette Rapaire avait frappé fort le 8 mars 2023 en organisant un sit-in inédit en Principauté. Cette année, la jeune activiste mène campagne sur les réseaux sociaux. 

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    Pour le 8 mars, cette activiste monégasque veut briser les tabous Juliette Rapaire, activiste pour les droits des femmes à Monaco

Juliette Rapaire, vous êtes militante pour les droits des femmes en Principauté. L’an dernier, vous aviez organisé un sit in silencieux sur la place d’Armes. Et cette année, vous menez campagne sur les réseaux sociaux ?

C’est exact. En ce vendredi 8 mars , sur mes comptes Instagram, TikTok et Facebook, je publie plusieurs vidéos pour parler des sujets tabous qui ne sont pas forcément abordés par d’autres entités.

« Je crois fermement que Monaco peut avancer vers la légalisation de l’IVG »

 

En France l’accès à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) entre offociellement dans la Constitution aujourd’hui. À Monaco, en revanche, cette intervention est dépénalisée depuis 2019 mais elle demeure illégale. Ce combat prend donc une résonance particulière ? 

En effet, c’est dépénalisé pour la femme, c’est-à-dire qu’elle peut se faire avorter en France, mais la peine reste d’un à cinq ans de prison pour un médecin qui pratiquerait l’avortement sur le territoire monégasque. On est très loin de la France où le parlement a voté l’inscription de l’IVG dans la Constitution. J’en ai pleuré de joie… Je serais tellement fière si Monaco pouvait suivre l’exemple. Et j’y crois fermement. J’en ai même la voix qui tremble. Je me suis faite avorter en France et ça a été assez dur pour moi. Alors, je me bats pour toutes les filles, toutes les femmes, toutes les soeurs, toutes les mères, toutes les cousines qui ont vécu ça et qui m’en ont parlé. J’aimerais que l’on soit fier de notre pays en disant: « Oui, la France est le premier pays à inscrire l’IVG dans la Constitution. Pourquoi Monaco ne serait pas le deuxième ? « 

« Il y a des femmes qui vivent ensemble à Monaco et qui se sont mariées en France.

Or, leur mariage n’est pas reconnu en Principauté. »

 

À l’occasion de cette journée internationale pour la défense des droits des femmes, vous souhaitez briser d’autres tabous. Parmi eux: celui sur le mariage homosexuel en Principauté. C’est le bon jour pour en parler ?

Oui, le mariage homosexuel, c’est aussi un droit des femmes. Il y a des femmes en couple qui vivent à Monaco et qui se sont mariées en France. Or, leur mariage n’est pas reconnu en Principauté. J’aimerais donc parler de ces femmes qui sont laissées de côté. Et par ce biais là, en effet, je souhaite aussi dénoncer le fait que le mariage entre personnes de même sexe reste interdit à Monaco. De plus, seuls les couples mariés, donc hétérosexuels, ont accès à l’adoption. Pour une personne célibataire ou un couple homosexuel, l’adoption est impossible.

Vous souhaitez aussi étendre le débat au thème de la procréation et de la préservation de la fertilité ? 

J’ai eu plusieurs témoignages de personnes qui ont essayé de faire une PMA à Monaco. Elles ont dû aller en France et financer elles mêmes leur projet. De même, je connais une femme qui a voulu effectuer une préservation de ses ovocytes parce qu’elle était atteinte d’endométriose. Elle a dû batailler pour que la sécurité sociale monégasque prenne en charge à 100% cette intervention. La CCSS refusait parce qu’elle n’était pas mariée. On lui disait: « Oui, vous pouvez le faire mais on aurait pu prendre en charge à 100% uniquement si vous étiez mariée » .  Finalement, elle a dû faire un dossier auprès du Haut commissaire à la protection des droits à Monaco pour obtenir gain de cause.  Je trouve ça scandaleux.

« Je ne suis pas la seule à vouloir que l’on écoute les femmes à Monaco »

 

À Monaco, la chape de plomb reste très lourde sur les questions sociétales. C’est lié au fait que la Principauté est un État catholique. Vous pensez que, malgré cela, il peut y avoir des réformes dans les prochaines années ? 

J’aime mon pays et je crois fermement que Monaco peut avancer. Certes, c’est un État catholique mais c’est aussi un pays qui avance énormément dans la technologie, dans les droits pour les enfants mais aussi les droits des femmes. Je pense qu’il faut juste en parler; parler de ces sujets qui sont tabous et que l’on a peur d’aborder. Le fait de s’activer et d’avoir envie que ça bouge, je suis certaine que ça peut marcher. Je suis sûre que le Gouvernement princier et le Conseil national vont l’entendre. Je ne suis ni la seule femme ni le seul être humain de ce territoire à vouloir que l’IVG soit légalisée à Monaco et que l’on écoute les femmes. En particulier à l’occasion du 8 mars. Il faut rester optimiste car les campagnes pour les droits des femmes ne manquent pas en Principauté. D’ailleurs, je remercie énormément la déléguée-interministérielle, Céline Cottalorda, pour tout ce qu’elle fait.

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Écrit par: Nathalie Michet


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